Même si la plupart des mortels continuent à raccourcir leurs pensées de peur de s’égarer dans les ténèbres de leurs surlendemains, appréhender les grands problèmes inhérents à la condition humaine reste une aventure intellectuelle passionnante, pour peu que ces problèmes soient dégraissés des préjugés du passé et du fatras des idées reçues et injectées dès la petite enfance.
L’homme sait qu’il est voué à la mort, mais il veut échapper au temps. Il sait aussi qu’il est seul et qu’il le restera toujours, et c’est donc avec un certain désespoir qu’il part à la recherche de la solidarité de ses semblables. Il est libre et responsable de ses actes, mais tout en lui est également dépendance, car il n’a pu choisir ni son sexe ni le temps et l’espace où il est né, et ne peut que subir son destin personnel. Enfin, il est fragile, limité, prompt à se tromper, et pourtant il est taraudé par un idéal de perfection. En conséquence, pour se réaliser, pour trouver un certain équilibre, et peut-être un certain bonheur, il doit à tout moment relever des défis, tenter de résoudre d’énormes contradictions et cette grande énigme qu’est l’humaine condition. La lecture des œuvres des grands philosophes pourra l’y aider, mais hélas elle n’assouvira pas son éventuel besoin d’infini et ne le débarrassera pas entièrement de son inquiétude fondamentale.
La philosophie et la littérature, ces grandes inspiratrices des dépassements humains, ne monopoliseront et n’épuiseront jamais les voies de la compréhension car il suffit de regarder les grandes œuvres de la peinture pour se rendre compte qu’on peut y puiser ce que d’autres arts et systèmes n’ont pas toujours apporté. Le choix, spécifique, du thème du Festival Factura 2008 et celui, rigoureux, des artistes-participants, qui vont l’illustrer, tendent à confirmer cette assertion. Aux visiteurs de juger.
René O, Commissaire de l’exposition